Depuis quelques jours, Wolters Kluwer, l’un des leaders mondiaux de l’écosystème legaltech annonce à coups de grands communiqués de presse le lancement de sa nouvelle fonctionnalité d’intelligence artificielle intégrée à sa plateforme Legisway.
En lisant le communiqué, on retrouve une kyrielle de buzzwords et autres éléments de langage classiques (« NLP », « AI-driven », « efficenctly »), sans toutefois en apprendre beaucoup.
Alors concrètement qu’est ce que cette nouvelle fonctionnalité apporte au contract management ? Coupons court à ce suspense insoutenable: pas grand chose !
A. L’amalgame entre gestion administrative et gestion de contrats
Tout d’abord on observera, à l’instar des autres éditeurs, un biais classique chez les éditeurs de SaaS de gestion de contrats, à savoir faire un outil de juriste, pour les juristes.
Or, on ne le rappellera jamais assez, le contract management est une discipline qui couvre « l’ensemble des activités associées à la gestion d’un contrat tout au long de son cycle de vie ».
En l’espèce, on reste sur une solution qui traite le volet administratif des contrats, et donc au mieux 20% de la vaste étendue du contract management.
B. Rien de nouveau sous le soleil
La période de l’euphorie autour de l’IA étant passée, il en faut désormais plus pour créer la surprise et l’engoument, c’est donc avec quelques attentes mais aussi quelques doutes que nous nous sommes penchés sur ces nouvelles fonctionnalités, afin de savoir ce que Wolters Kluwer nous avait concocté de révolutionnaire, et en quoi cela pourrait aider les contract managers que nous sommes.
Après avoir assisté à un webinaire organisé par l’éditeur sur le sujet (voir le replay), ou encore décortiqué les vidéos, sites internet et autres éléments diffusés sur le sujet, nous sommes restés sur notre faim.
En effet, nous sommes une nouvelle fois sur le triptyque : upload et analyse syntaxique de documents, catégorisation de clauses, et interrogations de base de données. Si l’on était taquins chez Prime Conseil, on pourrait s’imaginer que tous les éditeurs de CLM font appel à la même équipe product et IA !
En somme, sous ce communiqué de presse nous avons trouvé quelques features que l’on peut qualifier de « market practice » ou de minimum syndical qui, dans le meilleur des cas aideront des directions juridiques à gagner un peu de temps (ce n’est pas gagné!) sur le traitement administratif de tâches très simples, et dans une version plus critique ne serviront tout simplement à rien au contract manager.
Conclusion
Il semblerait que le contract management soit encore aujourd’hui une matière inconnue des éditeurs de CLM qui s’évertuent à développer des fonctionnalités relevant plus de l’administration d’un contrat que la gestion et l’optimisation de son cycle de vie.
On peut ainsi regretter, une nouvelle fois, que le contract management passe au travers du levier technologique et du potentiel que représente l’IA sur tout le cycle de vie d’un contrat, que ce soit dans sa genèse ou dans son exécution et pilotage, mais pour voir le verre à moitié plein, on peut aussi se dire que contrairement à ce que l’on a pu lire dans la presse ces derniers mois, le métier de contract manager est encore (très) loin de se voir concurrencer par l’IA.