Continuons notre série estivale avec un second portrait de contract manager, et pas n’importe lequel ! J’ai eu le plaisir d’interviewer Henri Zouingnan, partner et consultant en contract management chez Prime Conseil. Pour cette interview un peu spéciale puisqu’Henri est un membre de l’équipe, nous avons décidé de ne pas faire de cadeau à Henri afin de proposer un portrait garanti sans langue de bois !

Au travers de 5 questions, nous vous proposons de faire connaissance avec Henri, son parcours et sa vision du contract management :

Rentrons dans le vif du sujet : tu es passé de juriste à contract manager, punition ou vocation ?

Bien que la réponse soit, à mes yeux, totalement évidente, la question n’en reste pas moins pertinente. Ces dernières années, j’ai pu rencontrer de nombreux juristes devenus contract managers et, pour vulgariser, j’identifie deux principaux types de profils :  

• D’une part, des juristes ne trouvant plus de sens ou d’appétence pour ce qu’ils faisaient et qui ont trouvé dans le contract management une reconversion professionnelle logique, compatible avec leurs compétences et loin d’être totalement « dépaysante »,  

• D’autre part, des juristes ayant une approche très opérationnelle, au contact des équipes métier et pour qui le contract management était une opportunité de créer davantage de valeur et d’élargir leur champ d’action.

Pour ma part, j’appartiens à cette seconde catégorie. J’ai eu dès le début de ma carrière, une posture très orientée « business » et le contrat a toujours été pour moi un outil au service de la performance. J’ai eu la chance de pouvoir diffuser cette culture au sein de différentes entreprises. Lorsque j’ai découvert le contract management, avec son champ d’action encore plus opérationnel, pluridisciplinaire et stratégique, j’ai compris que cela serait une suite logique dans mon parcours. C’est donc une vocation et un métier que je pratique avec beaucoup d’enthousiasme au quotidien.  

Un profil de juriste n’est-il pas handicapant pour travailler sur des sujets d’ingénierie ?

Bien au contraire ! Cela dépend toutefois de la personnalité du juriste, de sa sensibilité et de sa curiosité pour d’autres domaines aussi complexes soient-ils. Si dans son précédent parcours, et comme je le mentionnais ci-avant, le juriste avait une forte appétence pour les sujets opérationnels et était enclin à s’imprégner des spécificités métier, d’être au coeur des opérations et des besoins, cela peut même se transformer en un avantage.

Bien évidemment, il faudra toujours se familiariser avec les aspects techniques, apprendre quelques méthodes et processus, mais en réalité les juristes partagent beaucoup plus de points communs avec les ingénieurs (voir notre article sur les profils juridiques et ingénieurs) que ce que l’on pourrait imaginer : rigueur, esprit analytique, créativité, ou encore fonctionnement méthodique issus de notre héritage juridique sont extrêmement bénéfiques au contract management.

« Le contract management est une fonction administrative » : qu’en penses-tu ? 

Il s’agit d’une perception réductrice à laquelle nous sommes de moins en moins confrontés sur le terrain, signe d’une progression de la visibilité de la fonction en entreprise. Cette perception reste toutefois intimement liée au fait que le contract management n’est pas encore une discipline totalement démocratisée et que son champ d’action reste encore trop peu visible du plus grand nombre.  

Dans les faits, c’est un métier qui va bien au-delà de la simple négociation, rédaction et administration du contrat. Il s’agit d’une fonction centrale au sein de l’entreprise et qui par son rôle transversal recherche avec chaque partie prenante du contrat à trouver les leviers opérationnels majeurs qui contribuent à la performance de l’activité et sa profitabilité.  

C’est donc avant tout et surtout une fonction opérationnelle, de terrain et au cœur de la stratégie. En tant que contract manager, il faut aller au delà du savoir-faire en pratiquant le « faire-savoir » afin de faire en sorte que les contours de cette discipline soient mieux cernés et que chacun soit conscient de sa valeur ajoutée.   

Si je te demande d’expliquer le contract management en 30 secondes à un enfant de 5 ans, tu me réponds quoi ? 

C’est sans doute l’exercice le plus difficile pour le contract manager compte de tenue de la largesse et l’évolution constante de son champ d’intervention ! Après réflexion, je dirai à cet enfant que « le contract management, c’est un peu comme le Père Noël qui a pour mission de préparer les cadeaux. Il fait en sorte de bien nous connaitre et nos besoins. Il fait en sorte de respecter la lettre qu’il a reçu et veille à ce que les lutins fabriquent exactement ce qui est prévu et que tout soit prêt à temps« . Son objectif c’est que tout le monde soit satisfait le plus longtemps possible et éviter toute contrariété.  

Parlons d’avenir, le contract management est une discipline récente dans l’hexagone, quel est selon toi l’avenir de la discipline ?

Le marché du contract management est très dynamique et ne cesse de croître. Il suffit de regarder le nombre d’offres d’emploi publiées quotidiennement pour s’en rendre compte.  

Toutefois, il me semble que le contract management est loin d’avoir atteint son potentiel et qu’il constitue un levier de création de valeur encore trop sous-estimé au sein des organisations. Comme pour toute activité, cette progression doit être soutenue par des instances représentatives fortes au niveau national. De très belles initiatives sont déjà en place avec l’AFCM, mais Il y a peut-être là aussi des axes d’amélioration et pour donner davantage de visibilité et démocratiser notre discipline.

Pour terminer, un petit défi : il existe de nombreux cabinets de conseil sur le marché, explique moi pourquoi Prime Conseil concrètement sans utiliser de buzzwords comme « paradigme », « innovant », etc. ? 

Le paysage du conseil en contract management est aujourd’hui assez éclaté, avec de très beaux cabinets, certains généralistes autour de la fonction projet, mais assez peu de spécialistes au final. Ainsi, je te dirai simplement que Prime Conseil est l’un des rares cabinets de niche à ne faire que du contract management en France. Nous avons fait ce choix de l’hyperspécialisation avec une équipe passionnée dotée d’une réelle expertise dans certains domaines d’activités. Cela nous permet de faire bénéficier à nos clients d’une approche du contract management très qualitative et de répondre à leurs besoins.